Otto Dix IV. À la guerre
"Je vais me tuer!" qu'il me prévenait quand sa peine
lui semblait trop grande. Et puis il parvenait tout de même
à la porter sa peine un peu plus loin comme un poids bien
trop lourd pour lui, infiniment inutile, peine sur une route
où il ne trouvait personne à qui en parler, tellement qu'elle
était énorme et multiple. Il n'aurait pas su l'expliquer,
c'était une peine qui dépassait son instruction.
Lâche qu'il était, je le savais, et lui aussi, de nature
espérant toujours qu'on allait le sauver de la vérité, mais
je commencais cependant, d'autre part, à me demander
s'il existait quelque part, des gens vraiment lâches...
On dirait qu'on peut toujours trouver pour n'importe quel
homme une sorte de chose pour laquelle il est prêt à
mourir tout de suite et bien content encore. Seulement
son occasion ne se présente pas toujours de mourir
joliment, l'occasion qui lui plairait. Alors il s'en va mourir
comme il peut, quelque part... Il reste là l'homme sur la
terre avec l'air d'un couillon en plus et d'un lâche pour
tout le monde, pas convaincu seulement, voilà tout. C'est
seulement en apparence la lâcheté.
Céline, Louis-Ferdinand, Voyage au bout de la nuit
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Otto Dix, (1891-1969)
Le Suicidé (Pendu), 1922,
Eau-forte de la série
"Mort et résurrection"
35,1 x 28,2 cm Collection particulière
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