Otto Dix II. À Hambourg
Je chantonnais toujours, parce que cette chanson répondait à ma jubilation: "L'amour va, l'amour vient..." Je m'imaginais l'accordéon sur les genoux, attirant vers moi tous les rythmes coquins de la rue, distribuant aux jeunes filles publiques une aumône sentimentale d'un incomparable attrait. Je retrouvais à chaque tour de roue qui me poussait dans le quartier populaire, l'odeur de ma jeunesse et des filles qui en tenaient encore à la poésie délicate, comme une branche de lilas, une branche lourde de ces attendrissements petits lilas qui poussent dans la banlieue des villes.
MacOrlan, Pierre (1882-1970), Mademoiselle Bambù : Filles, Ports d'Europe et Père Barbançon.
|
|
Otto Dix, (1891-1969)
Nuit tropicale, 1922,
Aquarelle, 49,5 x 37,5 cm
Ratisbonne, collection Peter Selinko
|