Otto Dix
I. Au bordel

Un vieux baron, ridé, jaune, long et maigre, s'enivra de mes charmes et moi de sa bourse. Comme il pouvait se régaler de l'amoureux plaisir tout autant que de croûtes de pain un qui n'a pas de dents, il passait sa fantaisie à me peloter, à me baiser, à me sucer les tétons, et ni à force de truffes, de culs d'artichauds, d'électuaires, jamais il ne put redresser le piquet; si celui-ci se relevait un peu, il retombait aussitôt, absolument comme un lumignon qui n'a plus d'huile et qui, au moment qu'on croit qu'il se rallume, s'éteint. Cela ne servait à rien de la manier et remanier, de lui fourrer le doigt dans le sifflet ou sous les sonnettes.

L'Arétin (1492-1556),
La vie des courtisanes.

           


Otto Dix, (1891-1969)
Couple disparate, 1925
Tempera sur bois
180 x 100 cm
En prêt illimité
du Ministère de la culture
de Bad-Wuitemberg